1. Le video mapping : qu’est-ce que c’est ?
  2. Le video mapping : qu'est-ce que ce n'est pas ?
  3. Des mots et des dates 
  4. Le video mapping : ça commence où et quand ?
  5. En quelles circonstances le video mapping apparaît-il ? Part.1
  6. En quelles circonstances le video mapping apparaît-il ? Part.2
  7. La préhistoire du video mapping
  8. Le VJing
  9. L’image géante
  10. L’image géante autour de l’an 2000
  11. Arts contemporains : l’entrée en scène du projecteur
  12. Arts in situ : le temps des lieux
  13. Hans-Walter Müller : Volux et Topoprojections
  14. 2003 : 3minutes² d’Electronic Shadow
  15. L’histoire des outils informatiques du video mapping
  16. L’histoire des outils informatiques du video mapping. Part.2
  17. L’histoire d’une institutionnalisation…
  18. Un énième art ?
  19. Le video mapping : une écriture
  20. Notices Artistes

Un énième art ?


Le texte du Journal des Arts, « Le video mapping, entre spectacle et forme d’art », paraît donc en 2020, soit dix-sept ans après la première œuvre de video mapping que nous avons identifiée en France (2003). Le parallèle avec l’histoire du cinéma est pour le moins éloquent. Le célèbre texte de Ricciotto Canudo « La naissance d'un sixième art », était paru en 1911 : seize ans après la date retenue pour ce qui est de l’invention du cinématographe (1895). Depuis sa naissance, le video mapping a largement investi des scènes préexistantes : celles du Vjing, des arts contemporains, des grandes scénographies lumineuses et du « Son et Lumière »  — un peu comme le cinématographe avait investi celles des cabarets, des fêtes foraines et des attractions, puis des théâtres. Il se nourrit clairement de plusieurs arts : le cinéma mais aussi l’architecture, la musique, le design, le graphisme… Enfin, un video mapping institutionnel s’est bel et bien profilé ces dernières années du côté des projections sur monuments, qu’un certain « façadisme » caractérise. Au regard des dichotomies — entre art et spectacle, art et commerce, art et ingénierie, art et média — auxquelles le video mapping nous confronte, exactement comme l’avait fait le cinéma des premier temps, le parallèle entre les deux n’est pas dénué d’interêt. 

Et si l’on s’appuyait encore sur la chronologie ? L’année 2023, pour le video mapping, correspondrait à l’année 1915 pour le cinéma : le cinématographe avait vingt ans, et son public avait compris, peu à peu, qu’un film n’était pas qu’une série de tours de prestidigitation ou de saynètes plus ou moins émouvantes, sans articulations internes. Ce public est bien comparable à celui qui exprime une certaine lassitude aujourd’hui devant le video mapping, face à la répétition de stratagèmes destinés à l’impressionner (ce qu’on appelle l’ « effet waouh ») : dragons  hyperréalistes surgissant d’une fenêtre en crachant du feu (tel un train qui arrive en gare…), lierre qui serpente à grande vitesse le long des murs, écroulement et disparition inexpliquée d’une façade entière. 1915, dans l’histoire du cinéma, est une année de référence : c’était celle de la sortie de Naissance d’une Nation de David W. Griffith et de Forfaiture de Cecil B. De Mille. Ces deux films sont célèbres pour avoir consacré la prise de conscience, par les auteur·rices de films, les studios de productions et les spectateur·rices, des moyens d’expressions et de mise en récit spécifiques au cinéma (le montage, le gros plan, la variation des angles de vues, le champ contre-champ…) qui en feraient aussi autre chose qu’un spectacle illusionniste : une manière de produire du sens, une écriture. 

Bien sûr, il ne faut pas abuser de cette comparaison entre le cinéma des premiers temps et le mapping d’aujourd’hui. Le contexte de l’émergence du cinéma parmi les arts est très différent de celui du video mapping actuellement. Il n’est d’ailleurs pas certain que le mapping s’institutionnalise au point de bénéficier, à terme, d’une scène dédiée à sa diffusion, comparable à ce que devenaient les cinémas (les salles) dans les années 1910. La raison à cela est consubstantielle au video mapping, une expérience audiovisuelle non-écranique : il s’agit d’une image animée conçue en fonction d’une surface de projection en volume, dont la forme peut varier (et c’est là sa force).


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